Nous refusons de soumettre nos vies aux lois du marché

2/02/2009

Sauvons la clinique !
Forum le 7 mars 2009 à Toulouse

NOS VIES SONT LA SUBSTANCE DE NOS RÊVES REFUSONS DE LES SOUMETTRE AUX LOIS DU MARCHE

Rendez-vous au forum du 7 mars 2009 à Toulouse

Collectif midi-pyrénées « Sauvons la clinique »

Pour mieux assurer sa domination, le néolibéralisme infiltre peu à peu la société civile française pour y imposer sa vision réductrice de l’humain.

Chacun d’entre nous est ainsi sommé de se transformer en un consommateur docile et un producteur « machinique », avançant au pas des marchands et des financiers, sous la contrainte du pouvoir politique actuel et de ses instruments, toujours plus nombreux, de contrôle et de répression. Cette idéologie purement utilitariste, adossée à un scientisme qui lui sert uniquement de caution, travaille à envahir durablement l’enseignement, l’éducation, la recherche, le soin, la justice, le travail social, la recherche, la culture afin de nous formater tous aux impératifs du « Grand Marché ».

Dans tous ces domaines, la démarche qui permet à chaque être humain d’être reconnu dans sa singularité psychique se voit clairement mise en danger à travers des textes législatifs et administratifs toujours plus contraignants, et par la multiplication de dispositifs d’évaluation purement quantitative. La singularité y est niée au profit de la seule comptabilité.

Les choix ne sont guidés que par la rentabilité financière : calcul à très court terme qui déchire le tissu social, au détriment de tous les dispositifs qui contribuent à maintenir le lien vivant entre les citoyens de ce pays.

Au nom de cette démarche clinique qui est notre socle, nous refusons clairement cette politique mercantile et les choix de civilisation qui en découlent, lesquels ne sont ni les nôtres, ni ceux sur lesquels s’est fondée notre démocratie !

Cette logique de performance économique destine en effet la société dans son ensemble à une débâcle comparable à celle de la sphère financière, avec des effets probablement beaucoup plus graves.

Nous appelons donc l’ensemble des citoyens de ce pays, professionnels ou usagers des services publics concernés, à refuser catégoriquement cette entreprise délibérée de mise en pièces de tous les dispositifs d’enseignement, d’éducation, de recherche, de soin, de justice, de travail social, de culture, et à le faire savoir !

Cette société déshumanisée n’est pas celle que nous voulons, ni pour nous, ni pour nos enfants, ni pour les enfants de ceux-ci !!

Pour en débattre, rendez-vous au forum du 7 mars 2009 (lieu à préciser).

Collectif midi-pyrénées : « Sauvons la clinique »

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Le Collectif Toulouse Libertés à décidé d’apporter sa signature et son soutien à l’initiative "l’appel des appels".

L’Appel des appels

« Nous, professionnels du soin, du travail social, de l’éducation, de la justice, de l’information et de la culture, attirons l’attention des Pouvoirs Publics et de l’opinion sur les conséquences sociales désastreuses des Réformes hâtivement mises en place ces derniers temps.

A l’Université, à l’École, dans les services de soins et de travail social, dans les milieux de la justice, de l’information et de la culture, la souffrance sociale ne cesse de s’accroître. Elle compromet nos métiers et nos missions.

Au nom d’une idéologie de "l’homme économique", le Pouvoir défait et recompose nos métiers et nos missions en exposant toujours plus les professionnels et les usagers aux lois "naturelles" du Marché. Cette idéologie s’est révélée catastrophique dans le milieu même des affaires dont elle est issue.

Nous, professionnels du soin, du travail social, de l’éducation, de la justice, de l’information et de la culture, refusons qu’une telle idéologie mette maintenant en "faillite" le soin, le travail social, l’éducation, la justice, l’information et la culture.

Nous appelons à une Coordination Nationale de tous ceux qui refusent cette fatalité à se retrouver le 31 janvier 2009 à Paris. »

Le 22 décembre 2008

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LA NUIT SECURITAIRE

Le 2 décembre 2008, dans une enceinte psychiatrique hospitalière, se saisissant d’un crime pourtant très rare commis par un patient diagnostiqué comme schizophrène, le président Sarkozy a annoncé un plan pour la psychiatrie aux conséquences dévastatrices.

Dans ce discours, les fondements même de la psychiatrie ont été attaqués avec la plus grande brutalité, celle qui amadoue pour mieux exécuter.

Il aura suffi d’un fait divers dramatique pour relancer une politique de la peur dont le projet de centres de rétention de sûreté tout comme les soins sans consentement en ambulatoire sont le parachèvement.

En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d’une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables.

Alors que les professionnels alertent régulièrement les pouvoirs publics non seulement sur les conditions de plus en plus restrictives de leur capacité de soigner, sur l’inégalité croissante de l’accès aux soins, mais aussi sur la mainmise gestionnaire et technocratique de leurs espaces de travail et d’innovation, une seule réponse leur a été opposée : attention danger, sécurisez, enfermez, obligez, et surtout n’oubliez pas que votre responsabilité sera engagée en cas « de dérapage ».

Un pas vient d’être franchi, l’heure est trop grave pour que la résignation l’emporte.

Que peut signifier cette prétendue méconnaissance, en réalité cette volonté délibérée d’ignorer les réalités de la psychiatrie ?

Il y a les faits, il y a les chiffres : le rapport de la Commission « Violence et santé mentale » dénombre qu’en 2005 sur 51 411 mis en examen dans des affaires pénales (crime ou délit) 212 ont bénéficié d’un non-lieu pour irresponsabilité mentale, c’est à dire 0,4 % des crimes et délits ! Mais en revanche, la prévalence des crimes violents contre les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que par rapport à la population générale. La proportion des vols à leur encontre est 140 fois plus importante !

Nous, soignants en psychiatrie, n’acceptons pas que la plus haute autorité de l’État répande de tels propos, qui laisseraient croire que les personnes atteintes de troubles psychiques font bien plus souffrir la société que celle-ci ne les aliène. Nous n’acceptons pas non plus que ces citoyens soient jetés en pâture à la vindicte populaire pour maintenir de manière forcenée, irresponsable, le ferment de la peur.

« La politique de civilisation » annoncée est une politique de « rupture » du lien car elle tente de bafouer les solidarités sociales qui ont permis de sortir du grand enfermement de la folie. Il n’y a pas d’exercice possible de la psychiatrie sans respect constant des valeurs de la République : celles qui en énonçant le respect de la séparation des pouvoirs permettent à la démocratie de rassembler solidairement afin de ne pas exclure les plus démunis.

Devant tant de « dangerosité » construite, la psychiatrie se verrait-elle expropriée de sa fonction soignante, pour redevenir la gardienne de l’ordre social ?

Nous, citoyens, psychiatres, professionnels du soin, du travail social, refusons de servir de caution à cette dérive idéologique de notre société.

Nous refusons de trahir notre responsabilité citoyenne et notre éthique des soins dans des compromissions indignes et inacceptables.

Nous refusons de voir la question des soins psychiques réduite à un pur contrôle sécuritaire criminalisant outrageusement la maladie mentale.

Nous refusons d’être instrumentalisés dans une logique de surveillance et de séquestration.

Pour maintenir la fonction soignante en articulation permanente entre le singulier et le collectif, nous refusons l’aveuglement d’une supposée culture de l’efficacité immédiate concernant des problèmes qui n’existent que peu.
Dans le champ de la psychiatrie, des actions s’opposent à la normalisation des enseignements (sauvons la clinique), des pratiques prédictives (pas de zéro de conduite), des dérives scientistes assignant à la psychiatrie le devoir de prévoir l’avenir (non à la perpétuité sur ordonnance, politique de la peur).

Nous soutenons et accompagnerons toute perspective de regroupement de ces initiatives car elles vont toutes dans le même sens : défendre et soutenir la dignité des patients qui nous sont confiés ou qui se confient à nous.

Faudrait-il que nous entrions en résistance par la désobéissance civile, pour soutenir la possibilité d’une psychiatrie au service des sujets en souffrance, respectueuse du sens de leur existence, et non une psychiatrie servant au maintien de l’ordre sécuritaire stigmate de l’asservissement de la population par la peur ?

« Il faut de la crainte dans un gouvernement despotique : pour la vertu, elle n’y est point nécessaire, et l’honneur y serait dangereux. » Montesquieu

Contact

Un meeting est organisé le 7 février 2009 à Paris, tous les signataires y sont invités.

Pour s’inscrire, et pour plus d’informations

 2/02/2009

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