Manifeste des créateurs culturels

26/03/2009

Kolektif Sonny Rupaire
On bon lyannaj pou lyanné poubon

Il n’y a pas de Guadeloupe. Pas encore. Dans le désordre, qui veut dire, la désorganisation temporaire de l’ordre DOM, elle a hélé quelque chose au passage.

Un chalvari de mots, de sentiments, de tout, défiant les vocabulaires encravatés qui, du coup, sont devenus désuets : en combien d’euros évaluer ce qu’on a vécu, qui s’appelle VIVRE, quand La Pointe Jarry poin-tait aux îles désertes, quand Carrefour n’était plus le quatre-chemin de personne, quand le port était contraint d’écouter la mer en silence ?

Et puis, quels Etats Généraux pourraient contenter un peuple dans tous ses états, quand souffle ce vent folâtre, cet avant-goût de liberté, sur tous les articles 73-74 ékèk, comme sur des bougies inutiles en plein soleil ? Elle ne sait pas encore dire où elle va, la Guadeloupe. Elle annonce seulement qu’elle vient.

A grands pas. Dans la cosse d’une grammaire apprise sous DOM, où la raison écono-mique prétendait être la seule à devoir nous relier d’homme à homme tout comme une reli-gion, germait violemment notre étrangeté de peuple. Ce grand wélélé à ciel ouvert, ces tambours en drivaille, ont épelé tant d’inimaginables possibles !

Ceux qui, auparavant, fai-saient métier de tout comprendre pour tout mettre à la norme afin d’apprendre au peuple ce qu’il doit être, les ont entendu comme jamais. Mais les voilà ababa, feuilletant des pages mille fois lues et tant apprises, tout étonnés de constater que rien de tout cela n’était écrit. Alors, il est peut-être venu, le temps de lâcher les capteurs d’âme, les plongeurs qui de l’effervescence pourraient nous ramener ces trésors de nous-mêmes, que nous ne savons pas, mais aimons déjà.

Auteurs, écrivains, poètes, musiciens, comédiens, danseurs, plasti-ciens, cinéastes, raconteurs de toutes sortes, nous que relient d’autres valeurs que l’euro, bim-partons ! Oui, c’est bien la Guadeloupe que nous sentons submerger le DOM. Ce sont les balbutiements d’une pensée renouvelée qui ont occupé la rue, faute de lieu où se faire voir ou entendre, et de page où s’écrire.

Ce sont les gestes des sans voix et des sans plume pour se dégager de l’engrenage consumériste, et pouvoir comprendre, maîtriser et traduire un destin de peuple. Quand l’homme s’extrait des mécanismes biologiques du manger et du boire pour clamer son existence collective au monde, alors, il y a, pour de bon, un appel d’air de culture, puis d’Œuvre. Tout ce qu’il faut pour nous construire et nous maintenir en tant qu’humanité. Nous en appelons donc aux créateurs de culture, non en tant que supplétifs du mouvement, mais en acteurs, pleinement AN LYANNAJ, capables de mettre en lumière tout ce que nous aimons de nous-mêmes, nos valeurs partagées, de faire surgir nos symboles nécessaires, de retisser tout notre imaginaire. Et, par-dessus tout, d’aider la Guadeloupe à changer de stature par une reformulation inédite et multiple de son vouloir.

KOLEKTIF SONNY RUPAIRE 19 mars 2009

__

CHARTECREATEURS

Si vous adhérez à cette idée, faîtes vous connaître par retour à :

ksr.ksr1@orange.fr

 Vos commentaires

Articles référencés 

Le journal des sciences du lundi 09 mai 2022
9/05/2022
Santé : les prédictions de madame IA
9/05/2022
Pierre Bourdieu versus Hans Tietmeyer : 1 - 0 ?
9/05/2022