Procédure judiciaire contre Elie Domota pour "racisme"

9/03/2009

GUADELOUPE
Attirer une partie de l’opinion publique sur le terrain racial...

Depuis le début du mouvement social en Guadeloupe (20 janvier 2009), le grand patronat et la droite UMP [la distinction est-elle vraiment utile...] tentent de discréditer le collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) et son porte parole, Elie Domota, les accusant de racisme ou en affirmant que le mouvement social contre la vie chère était un mouvement indépendantiste.

Un nouveau pas est franchi ce samedi 7 mars, le parquet de Pointe-à-Pitre annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire pour provocation à la haine raciale après les déclarations du leader du LKP, Elie Domota.

Ce dernier a rejeté l’accusation de racisme : « Je suis fort étonné, d’autant plus que ces propos n’avaient rien de raciste », a-t-il dit sur France Info. Il voit dans cette enquête « la volonté affichée de faire taire le peuple guadeloupéen ».

"Soit, ils appliqueront l’accord (prévoyant une augmentation salariale mensuelle de 200 euros), soit ils quitteront a Guadeloupe…Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage" avait affirmé Elie Domota jeudi soir sur Télé-Guadeloupe parlant des entreprises bloquées par des piquets de grève et des groupes de manifestants.

Le procureur de la République de Pointe-à-Pitre a donc ouvert une enquête pour :

• "provocation à la discrimination, à la haine et à la violence contre des personnes ou des catégories de personnes en raison de leur origine ou en raison de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion, visant notamment et spécifiquement les personnes désignées par le vocable Béké et les entreprises que ces personnes dirigent".

• "provocation à l’extorsion de signature par contrainte s’agissant des accords dits Jacques Bino".

__

Elie DOMOTA a donné les explications suivantes sur le site de l’UGTG :

• S’agissant de l’incitation à la haine raciale :

La décision de l’Etat français, mise à exécution par le procureur Jean Michel PRETRE, d’ouvrir une enquête pour incitation à la haine raciale à l’encontre de l’ethno-classe békée, n’est qu’une nouvelle manoeuvre pour discréditer et salir le mouvement qui s’est construit et développé depuis deux mois.

Car que dit ce mouvement ?

Que la Guadeloupe s’est construite sur des rapports de race et de classe qui perdurent aujourd’hui : au sommet de l’échelle sociale, les blancs (européens et békés) ; au bas de l’échelle les Guadeloupéens noirs et d’origine indienne ! C’est cela qu’ils entendent nier !

• S’agissant de l’extorsion de signature :

Le préfet, le procureur et l’Etat n’ignorent pas la situation : il y a et il y aura grève dans toutes les entreprises refusant d’appliquer l’accord Jacques BINO ! Les salariés de ces entreprises se mobilisent et continueront à le faire car ils refusent à juste titre d’admettre que les petites entreprises de Guadeloupe aient accepté de payer l’augmentation de salaire ; quand des grands groupes ayant les moyens de le faire s’y refusent !

Et que constate t-on ?

Que ce sont toujours les mêmes que l’on retrouve face aux travailleurs !

Nous appelons donc les travailleurs à la grève dans toutes ces entreprises ; et nous appelons les guadeloupéens à boycotter celles qui resteraient ouvertes !

Interviewé hier soir (8 mars 2009) au JT de France 2 par Benoit DUQUESNE, Elie Domota est revenu sur les propos qui ont servi de prétexte à l’Etat français pour tenter de l’intimider et de discréditer le mouvement ayant cours en guadeloupe :

« Ces propos, il ne faut pas les retirer de leur contexte, premièrement.

Deuxièmement, ce ne sont pas du tout des propos racistes, mais des propos qui reflètent la réalité sociale, économique, culturelle, historique et sociologique de la Guadeloupe. Nier cet état de fait, aujourd’hui, je crois que c’est faire preuve de racisme à notre égard, nous les Guadeloupéens d’origine africaine et indienne.

Je crois qu’il ne faut pas nier que les rapports en Guadeloupe sont construits sur des rapports de classes et de race depuis 400 ans ; et ces rapports persistent.

Alors aujourd’hui, s’il faut aller les expliquer devant un tribunal, nous sommes sereins, nos avocats sont saisis de cette affaire là et nous sommes prêts. »


SOYONS SOLIDAIRES DES PROPOS D’ELIE DOMOTA

Déclaration du MODEMAS (G. MALSA)

Le jeudi 5 mars 2009, le leader du LKP Elie DOMOTA tenait les propos suivants "Soit ils appliqueront l’accord, soit ils quitteront la Guadeloupe …. "Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage". à l’adresse des patrons de l’île réfractaires à l’accord prévoyant une augmentation salariale mensuelle de 200 euros.

Aussitôt le procureur de la république française en Guadeloupe a indiqué qu’il ouvrait une enquête judiciaire contre Elie DOMOTA pour "provocation à la discrimination, à la haine et à la violence contre des personnes ou des catégories de personnes en raison de leur origine ou en raison de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion, visant notamment et spécifiquement les personnes désignées par le vocable Béké et les entreprises que ces personnes dirigent" ajoutant que cette enquête viserait également le délit de "provocation à l’extorsion de signature par contrainte s’agissant des accords dits Jacques Bino".

Les propos du procureur de la république en poste en Guadeloupe ne sont que la traduction du mépris et de l’arrogance viscérale des représentants de l’Etat français envers nos peuples tout comme l’a été le récent comportement des békés en Martinique.

En effet, ce vendredi 6 mars 2009 4 membres bien connus de cette caste béké Frédéric DE REYNAL, Bernard DE GENTIL, Roger DE JAHAM et Jean François HAYOT, avec la complicité de l’Etat français, viennent de faire ostensiblement la démonstration de leurs méthodes esclavagistes en organisant avec l’autorisation du préfet ancien locataire déchu du sieur Alain HUGUES DESPOINTES bien connu pour ses propos racistes à l’encontre des nègres, une contre manifestation dans le but d’intimider les travailleurs martiniquais et de les contraindre à reprendre le travail

Dès lors, l’annonce de représailles par les magistrats représentant la justice française en Guadeloupe à l’encontre d’un militant qui a su incarner les valeurs et revendications du peuple guadeloupéen face à la « pwofitasyon » des gros patrons au premier rang desquels se trouvent les békés alliés séculaires de l’Etat français, n’a donc rien de surprenant.

En conséquence Le MODEMAS se solidarise avec le leader du LKP.

Son Président

• reprend à son compte les propos du représentant du LKP qui se justifient dans le contexte actuel et qui sont en adéquation avec le comportement constant de la caste béké vis-à-vis de nos peuples dont l’exploitation pluriséculaire lui a permis d’ériger des richesses grâce auxquelles certains de ses membres se retrouvent aujourd’hui à la tête d’un empire financier.

• met en garde l’Etat français contre toute velléité de répression de style colonial à l’encontre de ceux qui se battent pour la dignité et le respect dus à ces peuples meurtris et en lutte pour leur existence au monde et qui viennent de signifier aux békés que le temps de l’esclavage est terminé et que leur réveil marque l’avènement du temps de la réparation.

Le samedi 7mars 2009

G. MALSA

Président du MODEMAS

•• Patrice TACITA, [Membre du collectif d’avocats et membre du LKP au titre du mouvman kiltirel AKIYO] :

("C’est une provocation ! Le terme béké est un terme qui existe et ceux qui sont désignés par ce terme se complaisent de façon majoritaire à vivre entre eux, à procréer entre eux et à partager entre eux le capital.

Les racistes en Guadeloupe sont ceux qui n’utilisent pas l’autorité qui est la leur dans des situations de ségrégation raciale manifeste.

On veut entraîner le combat de LKP sur un terrain racial alors que toute la stratégie de fond et de forme du LKP a été de rassembler l’ensemble des Guadeloupéens, quelque soit leur origine, pour mener pacifiquement un combat contre l’injustice sociale et pour l’émancipation culturelle.

Ce type de procédure est une opération de contre-feu pour attirer une partie de l’opinion publique sur le terrain racial ; terrain sur lequel à aucun moment, ni le LKP ni le peuple guadeloupéen n’a voulu se placer."

___

• Le problème racial aux Antilles sur Medialternative.fr

Le mépris raciste de l’État français pour ses colonies

Y aurait-il un problème racial aux Antilles [2] ?

Y aurait-il un problème racial aux Antilles [3] ?

GUADELOUPE ANTAN SORIN ?

 9/03/2009

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