« Péyi-a sé ta nou, sé pa ta yo ! », clamaient-ils en février 2009…

13/01/2010

Ce pays est à nous, pas à eux...
Par Raphaël Confiant

En Martinique, le référendum de ce week-end se solde par un 78,9% de non, un refus clair de l’évolution statutaire, qui pourtant se voulait à des lieux de l’autonomie d’un territoire comme Tahiti ou la Nouvelle Calédonie.

Réaction à chaud de l’écrivain martiniquais, ardent défenseur de la langue créole et de la décolonisation des esprits insulaires.

Jamais à Cuba (communiste), ni à Barbade (capitaliste), ni à Saint-Domingue (social-démocrate), on ne verrait le pays bloqué durant plus d’un mois à cause d’une grève générale.

JAMAIS !

Au bout d’une semaine, les forces de police ou l’armée débloqueraient les routes, rouvriraient les commerces et entreprises, rétablirait la libre circulation des personnes et des marchandises. Il n’y a que dans ces colonies de consommation que sont la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane qu’une telle chose est possible. Dans ces OVNI politiques, le Papa Blanc autorise ses chers enfants nègres à brailler, défiler, réclamer, exiger autant qu’ils le veulent. De toute façon, personne ne mourra de faim ! Il les autorise même à proclamer que « le pays leur appartient désormais » et que le temps de la « profitation » est fini et bla-bla-bla…« Péyi-a sé ta nou, sé pa ta yo ! » (« Ce pays est à nous, pas à eux ! »), clamaient-ils en février 2009…

Le Papa Blanc se marre. Ses enfants nègres ne sont pas sérieux. Ils ne croient pas un mot à ce qu’ils disent. D’ailleurs, pourquoi ont-ils « déboulé » en février, mois du carnaval, et pas en octobre ou en novembre ? La preuve : quand on leur organise une consultation pour savoir s’ils seraient prêts à entamer un tout petit début de commencement d’autonomie, ils battent aussitôt en retraite comme des « crabes-c’est-ma-faute ». Oublié le « Péyi-a sé ta nou ! » ! Aux orties les rodomontades du genre « Jou nou ké ajounou pòkò wè jou » !

Tout le monde aux abris !

73% de « NON » en Guyane et 80% en Martinique. Donc si l’on comprend bien, les mêmes qui ont défilé et braillé en février pour faire plier l’État « colonialiste » votent aujourd’hui comme un seul homme pour rester à jamais enlacés dans les bras de ce même état colonialiste. Français jusqu’ad vitam aeternam, voilà ce qu’ils veulent être et rester !

À ces gens, je dis : allez vous faire foutre ! À ce peuple, je dis qu’il n’est qu’une sous-merde, un ramassis d’aliénés, d’alimentaires et de lâches. Une tâche sur la carte du monde, une salissure. Un étron.

Je comprends pourquoi vous ne voulez ni de l’autonomie et encore moins de l’indépendance. Dans un Martinique libre, comme à Cuba, à Barbade ou à Saint-Domingue, jamais vous n’auriez été autorisés à foutre la merde et à bloquer tout le pays pendant plus d’un mois.

Vous avez raison : restez français jusqu’à la fin des temps et continuez à brailler et à manifester régulièrement pour que le Papa Blanc vous accorde 200 euros d’augmentation de salaire et n’augmente pas le prix de l’essence, même si le cours du brut augmente sur le marché mondial.

Adieu (ou plutôt « Au Diable ! »)…

Publié sur Melanine avec l’aimable autorisation de Potomitan.info, le portail des cultures et langues créoles.

Propos d’Aimé Césaire sur les résultats
du référendum du 10 Janvier 2010

 Vos commentaires

Articles référencés 

Un nouveau raid de grande ampleur à Jénine : quatre palestiniens tués dans un bombardement et une fusillade
28/03/2024
Conférence ''éléments pour comprendre le conflit Israël/Palestine" en présence de Jean-Jacques Pérennès à Lannion
28/03/2024
Rassemblement et veillée à la bougie pour un ''cessez-le-feu immédiat'' à Pau
28/03/2024