L’avis - défavorable - du Parc national de Guadeloupe sur l’épandage aérien

Bruno - 23/07/2012
Image:L'avis - défavorable - du Parc national de Guadeloupe sur l'épandage aérien

Communiqué du Parc National de Guadeloupe
Dérogation de six mois pour l’épandage aérien

«  La Direction du Parc national s’appuie sur les conclusions de son Conseil scientifique, réuni en session plénière le 20 juin dernier. Les scientifiques du Parc considèrent que malgré les risques réels que ces champignons pathogènes récemment dépistés en Guadeloupe fait peser sur la culture de la banane, le mode d’épandage aérien, considéré comme actuellement optimal dans la lutte, constitue une menace sur les coeurs forestiers du Parc contigus des plantations traitées et sur les rivières qui en sortent. »

Revenons sur le communiqué du Conseil scientifique et de la direction du Parc national de Guadeloupe (28 juin) concernant l’épandage aérien : car si nous avons vu (Voir notre dossier "épandage aérien") que l’épandage aérien comportait un risque sanitaire pour les habitants de notre île – risque encore plus important pour ceux vivant à proximité des zones traitées – qu’en est-il des risques encourus par la faune et la flore de Guadeloupe et sa fragile biodiversité.

Qu’en est-il de « l’oasis de biodiversité » que constitue le Parc National de Guadeloupe.

Ainsi, en plus de la "consultation publique" réalisée par la Préfecture de Guadeloupe du 18 mai au 18 juin 2012 dans ses locaux, le Préfet avait saisi, pour avis, le Parc national de la Guadeloupe. Ce dernier, s’appuyant sur les conclusions de son Conseil scientifique - réuni en session plénière le 20 juin dernier – avait émis un avis défavorable à la demande de dérogation pour l’épandage aérien de produits phytosanitaires.

Malgré les dommages mis en avant qu’entraînerait une tel traitement sur la faune et la flore de Guadeloupe, sur sa fragile biodiversité, le Préfet n’aura donc pas suivi les recommandations du Conseil scientifique du Parc national, tout comme il n’aura pas pris en compte les dénonciations de l’épandage aérien venant du corps médical et des associations, ni la mobilisation de nombreux habitants de l’archipel.

Les scientifiques du Parc national s’inquiètent en effet des effets des produits utilisés et de leur méthode d’administration – l’épandage aérien - sur les espèces sensibles « comme les batraciens qui respirent par la peau, les insectes et les chauves- souris » :

« Deux des grenouilles forestières (hylodes) sont endémiques de la Basse Terre et donc très vulnérables. Les crevettes et les poissons diadromes (cycles biologiques se déroulant entre les tronçons amonts des rivières et la mer) qui vivent dans des systèmes originaux à régime torrentiel et à très faible charge organique sont aussi des espèces très sensibles à ce type de pollution. »

Dans son communiqué du 28 juin 2012, le Conseil scientifique du Parc national ajoute que « ces fongicides ne sont pas sélectifs et par conséquent pourraient constituer une menace directe pour la flore fongique indigène du coeur du Parc. Avec plus de 1 000 espèces décrites actuellement, la diversité fongique de la Guadeloupe est exceptionnelle et ne doit pas être négligée. »

« Les membres du Conseil scientifique appellent l’attention sur les éléments suivants :

• la toxicité avérée ou potentielle des matières actives utilisées sur la santé des
personnes qui manipulent les fongicides ou qui y sont exposées,
• la toxicité avérée ou potentielle des matières actives utilisées sur les écosystèmes et l’absence de données sur l’impact des produits sur la flore et sur la faune du cœur du Parc national ;
• la proximité du cœur forestier du Parc jouxtant certaines parcelles traitées ;
• les coeurs marins situés en aval de la zone traitée sur la rive gauche de la Grande Rivière à Goyaves (commune de Sainte-Rose).
• la vulnérabilité de la macrofaune aquatique des rivières dont le comportement migratoire
pourrait entraîner un impact sur les populations du cœur. »

En fin de communiqué, ne se faisant guère d’illusions sur la décision que prendra le Préfet quant à la demande de dérogation, la direction du Parc national « insiste » pour que, « dans l’hypothèse où une dérogation serait accordée, la distance de sécurité soit portée à 100 mètres [1] par rapport au cœur du Parc et aux rivières qui en sortent, tant en raison de l’intérêt environnemental que du risque de préjudices encourus ».

Communiqué du Parc National de Guadeloupe

A lire sur le site du Parc National (www.guadeloupe-parcnational.fr) ou ci-dessous :

Contact Parc National :

Wilfrid Démonio | Tél :+590590809090 | GSM/0690465175
Parc national de la Guadeloupe
Habitation Beausoleil
Montéran - 97120 Saint-Claude

www.guadeloupe-parcnational.fr

[1les distances de protection étaient jusque-là fixées à 50 mètres

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